top of page

Amnesty dénonce le silence de l’Unesco face aux expulsions à Angkor

Dernière mise à jour : 2 févr.

Amnesty International a publié le 14 novembre un rapport accablant sur la situation des droits de l’homme à Angkor, ancienne capitale de l’Empire Khmer du IXème au XIVème siècle. Le rapport accuse l’Unesco de « manquer à sa responsabilité de faire respecter et de promouvoir les droits de l’homme » en ne condamnant pas les expulsions forcées de milliers de familles du vaste parc des temples par les autorités cambodgiennes.


Photo de militaire transportant les biens d'un résident près du temple Angkor
Cette photo prise le 18 janvier 2023 montre un camion de l’armée transportant les biens d’un résident près du temple Angkor Wat, dans la province de Siem Reap. © Tang Chhin Sothy/AFP/Getty Images

Les autorités prétendent que les villageois quittent volontairement le site. Cependant, Amnesty International a mené une enquête approfondie, incluant des entretiens avec plus de 100 personnes concernées. Presque toutes les personnes interrogées affirment avoir été forcées de quitter le site archéologique en raison de l'intimidation, du harcèlement, des menaces, et même des actes de violence perpétrés par les autorités cambodgiennes. Près de 10 000 foyers ont été déplacés vers deux zones dépourvues d’infrastructures adéquates telles que des routes, de l’eau, de l’électricité et des installations sanitaires. Les personnes expulsées sont aussi privées de l’activité touristique d’Angkor, qui leur fournissait un revenu et des opportunités économiques.


Ces expulsions ont débuté fin 2022, sous prétexte de protéger ce patrimoine millénaire et de préserver son statut de site classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1992. En réalité, le site n’a jamais été menacé de perdre son statut depuis 2004, date à laquelle il a été décidé que « la préservation du site de la destruction était raisonnablement sûre ». Ces expulsions sont motivées par le désir du Cambodge de stimuler le tourisme autour des sites archéologiques.


L’Unesco affirme n’avoir jamais demandé l’évacuation des populations. Pour autant, Amnesty International reproche à l’organisation ne pas avoir dénoncé publiquement les expulsions et les conditions de relogement, alors qu’elle en était informée. Le rapport ajoute que le gouvernement cambodgien a fréquemment invoqué l’Unesco pour légitimer son programme de « réinstallation ».


En réponse à l’affirmation d’Amnesty International selon laquelle les expulsions étaient menées en son nom, le Comité du patrimoine mondial de l’Unesco a répondu que les actions d’un Etat membre ne relevaient pas de sa responsabilité, « même si cet Etat justifiait ses actions en invoquant l’Organisation ».


Amnesty International appelle l’Unesco à « condamner fermement les expulsions forcées en tant qu’instrument de gestion d’un site du patrimoine mondial, à user de son influence pour exiger que le gouvernement cambodgien y mette fin et à faire pression en faveur d’une enquête publique et indépendante ». L’organisation des droits de l’homme met en garde contre le risque que les efforts de conservation soient « de plus en plus instrumentalisés par les États à leurs propres fins, au détriment des droits humains ».

Comments


bottom of page