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A Jérusalem, découverte d’un grand autel médiéval dans l’église du Saint-Sépulcre

Durant l’été 2024, des travaux de construction ont nécessité de déplacer une importante dalle de pierre dans l’église du Saint-Sépulcre, à Jérusalem. Toutefois, ce bloc dissimulait, en réalité, les traces d’un autel médiéval considéré comme disparu.


Le panneau frontal de l’autel des Croisés découvert dans l’église du Saint-Sépulcre. (Crédit : Shai Halevi/Autorité israélienne des antiquités)
Le panneau frontal de l’autel des Croisés découvert dans l’église du Saint-Sépulcre. © Shai Halevi/Autorité israélienne des antiquités

Si les fouilles préventives révèlent régulièrement de véritables trésors, les travaux de rénovation sont, eux aussi, sujet à d’étonnantes découvertes archéologiques.


A Jérusalem, c’est le constat qu’ont récemment fait des ouvriers qui entreprenaient des travaux de construction dans l’église du Saint-Sépulcre. En effet, une énorme dalle en pierre de 2,5 m par 2,5 m a été déplacée, révélant ainsi l’existence d’un autel médiéval du XIIe siècle. Sur sa face cachée, le bloc de pierre contenait notamment un quinconce formé par cinq cercles sur une bande ininterrompue. Ce symbole spirituel a permis aux spécialistes de l'Autorité israélienne des antiquités et de l'Académie autrichienne des sciences (OeAW) de faire le lien avec un autel médiéval consacré au XIIe siècle et considéré, jusqu’alors, comme disparu.


« L’autel de marbre était un ouvrage imposant et magnifique, orné de nombreuses gravures et sculptures. Il était si impressionnant que les pèlerins des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles en chantaient encore les louanges dans les récits existants », expliquait Ilya Berkovich, l’un des historiens de l'OeAW. Selon les archives, cet autel fut installé par les Croisés au XIIe siècle, lorsqu’ils conquirent la ville sainte et reconnurent l’importance de l’Eglise. Mais en 1808, un incendie ravagea l’édifice et l’autel fut considéré comme perdu. « C'est du moins ce que l'on a cru pendant longtemps », témoigne Ilya Berkovich.


La découverte de l’autel représente une avancée capitale pour les historiens de l’OeAW. Néanmoins, certaines décorations présentes sur la pierre révèlent un lien historique d’autant plus surprenant. De fait, les motifs ont été réalisés en suivant le style « Cosmatesque », une technique pratiquée par les maîtres des guildes romaines au XIIe siècle. La plupart des œuvres de ce style se trouvent d’ailleurs dans certains monuments emblématiques locaux, comme la Chapelle Sixtine, San Crisogono et la Stanza della Segnatura. Jusqu’alors, la seule exception d’art Cosmatesque en dehors de Rome se trouvait à Londres, dans l’abbaye de Westminster. Ainsi, la découverte récente à l’église du Saint-Sépulcre suggère que l’autel aurait été conçu par un maître Cosmatesque, envoyé à Jérusalem avec la bénédiction du pape de l’époque. Selon M. Berkovich, les archives papales pourraient confirmer cette supposition et, peut-être, dévoiler l’identité de l’artiste à l’origine de l’autel. « Le pape aurait ainsi rendu hommage à l'église la plus sacrée de la chrétienté », déclarait-il.

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