En Italie, un Picasso conservé pendant 60 ans dans un salon familial

Accroché dans un cadre bon marché, le portrait de Dora Maar a trôné dans le salon familial des Lo Rosso pendant plusieurs décennies. Mais l’œuvre, décrite comme « horrible », par la famille a été récemment authentifiée comme un véritable Picasso.

Le buste de Dora Maar, maîtresse et muse de Pablo Picasso, récemment authentifié à Capri (Crédit : Courtoisie The Guardian)
Le buste de Dora Maar, maîtresse et muse de Pablo Picasso, récemment authentifié à Capri (Crédit : Courtoisie The Guardian)

« Ma mère ne voulait pas le garder, elle n’arrêtait pas de dire qu’il était horrible, » raconte Andrea Lo Rosso, 60 ans, à propos de ce qui semble être le portrait de Dora Maar, l’une des amantes de Picasso.

En 1962, son père, Luigi Lo Rosso, a trouvé l’œuvre sur une brocante et l’a ramenée chez lui, à Pompéi. A l’époque, l’homme ignorait qui était Picasso et ne s’intéressait pas particulièrement à l’art. Toutefois, son fils s’est longtemps interrogé sur ce tableau aux formes particulières et sur la signature qui figure dans le coin supérieur gauche. Ayant consulté une encyclopédie d’Histoire de l’art offerte par sa tante, Andrea a rapidement reconnu des similitudes entre le portrait dans le salon familial et le style du maître espagnol. Au fil des années, les autres membres de la famille Lo Rosso ont, eux aussi, eu des doutes sur l’origine de l’œuvre.

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Ces interrogations ont mené, en 2024, à l’authentification officielle du portrait par des experts. Andrea Lo Rosso a notamment fait appel à Maurizio Seracini, un célèbre détective d’art, et Cinzia Altieri, graphologue et membre du comité scientifique de la Fondation Arcadia. Cette organisation se charge, entre autres, de l’évaluation, de la restauration et de l’attribution des œuvres d’art. A l’automne 2024, ces experts ont ainsi pu affirmer que le portrait de Dora Maar était un authentique Picasso, estimé à plus de six millions d’euros. « Après tous les autres examens du tableau, j’ai été chargé d’étudier la signature, » expliquait Mme Altieri au Guardian. « J’ai travaillé dessus pendant des mois, en la comparant avec certaines de ses œuvres originales. Il ne fait aucun doute que la signature est la sienne. Il n’y avait aucune preuve suggérant qu’elle était fausse ».

L’œuvre aurait été réalisée entre 1930 et 1936 par le célèbre peintre espagnol. De fait, Pablo Picasso visitait régulièrement l’île de Capri, dans le sud de l’Italie, et le portrait figure des similitudes frappantes avec son Buste de femme. Dora Maar, de son vrai nom Henriette Theodora Markovitch, était une photographe et artiste peintre française, mais également l’une des amantes et muses de Pablo Picasso.

Interrogé par The Guardian, Andrea Lo Rosso racontait : « Mon père était originaire de Capri et collectionnait des objets de pacotille qu’il revendait pour presque rien. Il a trouvé le tableau avant même ma naissance et n’avait pas la moindre idée de qui était Picasso. Il n’était pas très cultivé. En lisant l’encyclopédie sur les œuvres de Picasso, je regardais le tableau et je le comparais à sa signature. Je répétais à mon père que c’était la même chose, mais il ne comprenait pas. Mais en grandissant, j’ai continué à me poser des questions. »

Depuis l’authentification du portrait, il a tenté de contacter la Fondation Picasso de Malaga, mais cette dernière n’a pas manifesté d’intérêt pour l’œuvre. L’organisation considère d’ailleurs que l’expertise de Mme Altieri est fausse et qu’il ne s’agit pas d’une création de l’artiste. Malheureusement pour la famille Lo Rosso, la Fondation peut, seule, affirmer ou infirmer l’authenticité d’un Picasso.

De son côté, le président la Fondation Arcadia, Luca Marcante, pense que ce portrait serait une seconde version du Buste de femme, peint en 1938 et dérobé en 1999 sur un yacht. « Elles pourraient toutes deux être un original », expliquait-il au média Il Giorno. « Il s’agit probablement de deux portraits, pas tout à fait identiques, du même sujet, peints par Picasso à deux moments différents. Une chose est sûre : celui qui a été trouvé à Capri et qui est aujourd’hui conservé dans une chambre forte à Milan est authentique ». M. Marcante compte présenter ses propres preuves à la Fondation Picasso pour que le tableau soit authentifié.

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